Dans un Moscou ex-communiste, où la mafia et l’argent font la loi, un général retraité, vétéran de Kaboul, noie, comme beaucoup d’autres, sa déprime dans la vodka.
Il a trois filles. Entre la vodka, les petits boulots et les amours ratées, elles rêvent de l’Amérique, La Terre promise.
Comme tête de pont, elles y envoient Kola, un gamin des rues recueilli par leur père et qui sert de bonne à tout faire.
Travestie en petite pute, « la 4e sœur », arrivée à Hollywood, tournera un documentaire sur la prostitution à Moscou. Aventure sans lendemain.
On enverra donc Kola une seconde fois aux Etats-Unis chez le riche oncle Vania. Kola échappera de peu au bordel.
Un deus ex machina terminera la saga. Une manière d’apocalypse.
Pour peindre cet univers à la fois pitoyable et démesuré, l’auteur se sert d’une forme bien à lui. Il casse le convenu, à commencer par le dialogue.
Il défie la logique de l’espace-temps. Il mélange les genres.
La violence, la bouffonnerie et la truculence de cette pièce font penser au théâtre élisabéthain. Plus encore à une « blood tragedy » violentissime et burlesque, à la manière de Quentin Tarantino.
A la question récurrente chez Tchekhov, dont « Les trois sœurs » hantent l’œuvre de Glowacki, « Y a-t-il un espoir de changer le monde ? », la pièce répond non.
A la fin de l’action, l’enfant-messie, appelé « espérance », qui sort du ventre de sa mère, armé d’une kalachnikov, n’est qu’un bourreau.
Toutefois l’ironie et le burlesque filtrent ce pessimisme et la noirceur de ce théâtre n’est pas du catastrophisme. En définitive, elle serait plutôt provocation à s’indigner et à lutter pour que ça change.
Sébastien Bratières, François Chamaraux, Benoît Cogels, Pierre Davister, Géraldine Denis, Gérald Glibert, Eric Hamesse, Dominique Laroche, Matthieur Lits, Kai Stolzenburg, Arnaud Vaganay, Violaine Weissman.
François Chamaraux
Anne Glibert